Quand j'étais petit, j'avais chez moi tout c' qui m' fallait
Ma mère me gâtait, me câlinait, me dorlotait.
J' n'avais pas besoin d' m'en faire
Car j'étais propriétaire,
J'avais un château, j'avais une auto,
Je n' prenais jamais l' métro
Enfin, j'avais tout pour être heureux
Et, cependant, j'étais malheureux.
Je n' peux pas vivre sans amour ;
J'en rêve la nuit et le jour.
Loin des ivresses, loin des caresses,
Je m' sens si seul, si seul, si seul, si seul.
J'ai beau chercher des distractions,
L'amour me trouble la raison
Et j'en voudrais toujours, toujours, toujours.
Car je n' peux pas, Madame,
Je n'peux pas, Madame,
Je n'peux pas,
Non, je n' peux pas vivre sans amour.
Les femmes, sur l' boulevard à Paris, ont des occasions
Moi, j'envie leur sort, j'voudrais connaître leurs sensations
Et les joies que leur procurent
Leurs diverses aventures.
Elles ont du bonheur, elles ont du changement,
De l'amour et de l'argent.
Si j'étais du sexe féminin,
Moi aussi, je ferais des béguins.
Je n' peux pas vivre sans amour ;
J'en rêve la nuit et le jour.
J' veux une maîtresse
Près d' moi, sans cesse.
Je m' sens si seul, si seul, si seul, si seul.
Je veux connaître le grand frisson,
Les transports et les effusions.
Je veux aimer toujours, toujours, toujours.
Car je n' peux pas, Madame,
Je n'peux pas, Madame,
Je n'peux pas,
Non, je n' peux pas vivre sans amour.
Celle qui m'aimera aura mon cœur et cætera,
Celle qui m' comprendra aura encore bien plus qu' ça.
Pour elle, je ferai des folies
Et toutes ces fantaisies.
Ah ! Je la mordrai. Oui, je la battrai.
Je n' sais pas tout c' que j' lui f' rai.
Je veux être, pour elle, plus qu'un amant,
Je veux être le père de mes enfants !
Je n' peux pas vivre sans amour ;
J'en rêve la nuit et le jour.
J' veux une amie
Pour toute la vie.
Je m' sens si seul, si seul, si seul, si seul.
Je veux tomber en pamoison.
J' veux être victime de ma passion.
J' veux en mourir, en mourir pour toujours.
Car je n' peux pas, Madame,
Je n'peux pas, Madame,
Je n'peux pas,
Non, je n' peux pas vivre sans amour.