Coule, goutte d'océan, coule,
Roule sur la courbe de mes joues.
Noyée dans tes vapeurs de liesses,
Ou serrée dans l'étau de ma tristesse.
Mais coule, goutte d'océan, coule,
Coule sur le temps qui s'enroule
Voyage au gré des grandes détresses,
Nage sur les bonheurs que l'on caresse.
Encore un jour, ou plutôt un jour de moins,
Un peu plus sage et encore plus sage demain.
Mais toujours ce sentiment lourd
De n'avoir pas le temps de faire le tour.
Encore un jour, et peut être l'ultime,
Ou bien le jour, le jour le plus sublime.
Mais toujours ce sentiment lourd
De n'avoir pas donné assez d'amour.
Le temps vaut de l'or, le temps vaut même bien plus,
La vie s'évapore bien avant d'avoir tout vu.
Qu'elle s'élance vers les plus hautes vertus,
Ou qu'elle s'écrase lâchée du plus haut des nues.
Evidemment, ça nous pèse sur la carcasse,
Evidement, notre quête n'est qu'une impasse,
Puisse-t-elle être portée au pinacle
Par son chien, sa famille ou les prophéties d'un oracle.
Avant mon dernier cri, avant que mon coeur s'arrête,
J'aimerais voir de mon lit un linceul de jour de fête
Brodé d'histoire en dentelles,
De fils de vie, de plaisirs éternels.