Elle l'a vissé
Dans chaque pore de sa peau
Il a réveillé les cris
Qui dormaient sous les mots
Même quand elle travaille
Il bouge dans ses entrailles
Elle est enceinte du vide
Et du manque de lui
Il est rentré dans sa chair
Comme on rentre chez soi
Et les mots qu'il lui dit
Il les prononce avec les doigts
Son cœur descend dans son ventre
Quand la clé tourne et quand il rentre
Sa bouche n'est plus qu'un rond
Rouge qui crie son nom
Elle n'existe qu'à lui
Elle n'assiste qu'à lui
Elle ne peut plus supporter
Son mari quotidien
Elle devient l'esclave
D'un hôtel et d'un train
Elle ressent la souffrance
De celle qui sait d'avance,
Par raison ou par instinct,
Qu'il s'en ira soudain
Elle s'enroule qu'à lui
Elle se saoule qu'à lui
Elle ne peut plus supporter
De retrouver son clan
Ni sa meilleure amie
Ni son fils de quatorze ans
Y aura dans sa mémoire
Enfouie dans son chagrin
Une histoire de cœur
Une histoire de corps
Une histoire de rien
Elle ne brûle qu'à lui
Elle s'annule qu'à lui
Elle ne pleure qu'à lui
Elle ne meurt qu'à lui