La boîte crânienne grossièrement gonflée
Par un instinct de supériorité abusé.
Il marche debout pour paraître plus grand,
toujours à jouer au mâle dominant.
Voici l'homme, ce gosse gâté, en chair et en os.
Devenu prédateur redouté fait de colères et de pathos.
Un génie à la pensée ternie qui,
du haut de ses lauriers, rebalance le blâme sur autrui.
Lunatique, plutôt d'un naturel arrogant.
S'il a inventé la roue c'est pour mettre des bâtons dedans.
Un primate désarçonné depuis que de l'arbre il a chuté.
Les millénaires d'évolution ne l'ont pas rendu plus avisé.
Otage du mode de vie qu'il s'est créé,
il veut tout, tout de suite et récolte avant de semer.
Obsédé par l'envie de tout maîtriser,
Nettement moins intéressant qu'il n'est intéressé.
Et quelles que soient ses ambitions
ce n'est pas sa disparition qui empêchera le monde de tourner.
Donc qu'on arrête de toujours recentrer
l'univers sur le nombril de l'humanité.
Le quotidien pour métronome, la religion pour opium,
la perfection pour ambition, l'instabilité pour fondation.
Humain domptable, humain classable,
humain coupable de déséquilibrer l'équilibre, de briser le fil.
Moins ivre d'équité que de bitume.
Humain prévisible tant il est figé dans son habitude.
Capable de vivre de quelques pièces, mais bien incapable de survivre en tant qu'espèce,
j'en mets ma main à couper.
Putain d'humain, loup pour le loup et pour l'humain.
L'humain maintient l'humain dans sa léthargie par du pain,
des jeux, des orgies. Ci-gît l'humain.
De quadrupède à bipède imberbe,
juste un long poil dans la main quand il s'agit de faire le bien.
L'humain passe et se ressemble, impasse pour l'ensemble humain.
L'humain passe et se ressemble, impasse pour l'ensemble humain. S'entasse et se rassemble, se contemple en surface,
mais dans le fond s'encrasse, tremble et s'efface.
Passe et se ressemble, impasse pour l'ensemble humain.
S'entasse et se rassemble, amorce d'une descente pour l'
humain, et fier de l'être,
plus rien ne l'arrête dans son déclin.
Au départ, c'est le souvenir vague où persiste
l'image d'une silhouette sombre aux contours floués :
un message subliminal en pictogrammes brouillés,
une trame de fond à décoder.
Indétectable au radar,
allant même jusqu'à absorber le signal sonore,
donc insaisissable au sonar ;
presque inodore, c'est la discrétion assurée.
Ici le temps s'est arrêté pour prendre le temps de poser son regard sur l'illusoire traversée, d'une nuée de pensées transitoires qui semble ne plus avancer.
Juste un infime point noir perdu dans l'immensité, sans fin ni début, d'une étendue glacée et si dense, que le temps, lui-même, paraît atrophié.
Un motif en filigrane à demi effacé,
l'hologramme s'est évaporé.
C'est une extinction anticipée dans l'espoir
de revoir le jour à l'aube d'un soleil d'ivoire.
C'est un épisode passager
qui te laissera une sensation bizarre.
Mais cette amnésie anecdotique ne sera pas l'œuvre du hasard
car un brouillard opaque vient troubler l'optique.
Ta ligne de conduite sera mise à sac,
prendra une tournure oblique par le biais des différentes étapes d'un cérémonial qui défie toute logique, c'est le principe même du rituel initiatique.
Celui qui s'applique à troubler ton sommeil, celui qui t'enseigne qu'il est possible de friser l'essentiel, celui qui t'amène à briser tes modèles et qui t'imprègne de la symbolique universelle.
C'est un passage fugace,
une présence éphémère à l'état de traces.
Soulèvement de cristaux de glace
par des bourrasques qui viennent embrasser la visibilité :
White out avant black out.
L'œil voilé tu resteras bouche bée,
les zygomatiques crispés, alors
qu'on se sera éclipsé par une porte dérobée…