Voyez donc cet aristocrate
Pâle gommeux qui fait des épates
Ca passe sa vie à nocer
A vingt ans, c'est déjà brisé.
Comme les femmes, ça a des faiblesses
Ca veut jouer à l'ancienne noblesse
Incapable de gagner son pain
Voilà le type du vrai gandin
Il a les mains blanches
Les mains maquillées
Il a les mains blanches
Par la honte souillées
Ca sent le chichi, ça sent le gnan-gnan
Voilà c'qu'on appelle des mains de fainéants !
Voyez donc ces hommes en soutane
Soi-disant, l'bon Dieu sur eux plane
Ils prêchent Moïse et Jésus-Christ
Mais font l'contraire de leurs écrits
Oui, Moïse était un apôtre
Jésus-Christ mourut pour les autres
Oui, mais vous prêtres, pasteurs, rabbins
C'qui vous mène, c'est l'or, le butin !
Ils ont les mains blanches
Les mains maquillées
Ils ont les mains blanches
Par la honte souillées
Ca sent le tartuffe, l'avare, le grippe-sous
Voilà c'qu'on appelle des mains de filous !
Voyez donc ces hommes politiques
Vraies paillasses à gueules tragiques
Qui pour aller au Parlement
Au peuple font du boniment
"J'vous promets la r'traite ouvrière
J'vous promets la fin d'vos misères"
Ils se votent d'abord et comment !
Pour eux-mêmes quarante-et-un francs !
Ils ont les mains blanches
Les mains maquillées
Ils ont les mains blanches
Par l'or elles sont souillées
Ca sent le trafic, c'est sale, c'est malsain
Voilà c'qu'on appelle un poil dans la main !
Voyez donc cette foule tapageuse
Quèqu'fois gaie, souvent malheureuse
C'est la foule des ouvriers
C'est la masse des sacrifiés
Ils reviennent du bagne, de l'usine
Ils sont pâles, ils ont mauvaise mine
Femme, enfant, tous deux meurent de faim
Qui engraissent des tas de coquins !
Leurs mains n'sont pas blanches
Ils ont travaillé
Leurs mains n'sont pas blanches
Elles sont meurtries, broyées
Ca sent le courage, la force et l'honneur
Voilà c'qu'on appelle des mains d'travailleurs!