Je voudrais te voir dans la peau d'un immigré, te voir.
Quand t'as toujours à te justifier dans les contrôles d'identité.
Dans la rue où tu ne peu te fier à personne te voir pourchasser.
Jusque dans tes rêves, cacher tes origines
Jusqu'à changer de nom que tes parents t'ont donnés
Te voir vivre et souffrir au milieu de tous
Sans qu'aucune ne puisse offrir la moindre aide, te voir.
Quand ta vision devient laide, quand personne ne plaide pour toi-même
Tes semblables aident à ton dénigrement
Te voir essayer de vivre dignement,
Aujourd'hui un homme dignement jusque dans ces lettres
Te voir prêtre dans une abbaye vide
Te voir à la place d'une mère dont le fruit de sa chair est tombé sous des balles policières
Te soir rester fier quand la misère des tiens fait l' actualité
J'ferme les yeux afin d'imaginer des trucs, ferme.
Et les cieux m'ouvriront leurs portes quand d'autres portent le deuil.
Mais la réalité l'emporte et nos feuilles supportent notre orgueil. J'ferme les yeux
Je voudrais te voir à la place des grands hommes dépendant de la soif et d'la faim.
Délaissé comme des chiens , toujours plongé dans les mêmes souffrances.
J'voudrais t'voir pleurer de toute une génération sacrifiée, ignorée des faits.
Toujours dans les mêmes gouffres amers
J'voudrais te voir errer sans terre , avec la bannière
Seul à chercher ta route proche de troupes en déroutes coûte que coûte.
Et te voir fuir toute ta vie et subir les assauts permanents
De ceux qui cherchent à te nuire.
La nuit j'voudrais te voir proche du KO, victime de l'ennui, refouler ton moi intérieur.
Maudit et vivre ici en extérieur après minuit.
Tout simplement t'voir non loin d'ici, proche d'un taudis…
J'te verrais bien à la place de l' accusé à tord qui à cause
d'un désaccord s'fera à l'idée d' faire ses derniers pas dans le couloir de la mort.
Dans la peau de c'lui frappé par le VIH
Constamment attisé par sa fin cause phase finale activée…
J'aimerais t'voir t'asseoir en nos lieux,
Quand la faim pousse à pêcher, prononcer le non-lieux.
Prêcher l'égalité avec humanité, manier tes sciences à bon escient.
J'aimerais t'voir le soir, regard confiant au confins de mon square
Croire en ces histoires qui finissent bien et c'la même si elles sont rares !
J'aimerais voir ton impuissance devant les morts
D'tes proches décimés pour une cause injuste
Sans qu'tu ais pu faire un seul geste.
Implorer l'pardon qu'depuis longtemps l'verdict est rendu,
Ton sang est sur l' point d'être répandu.
J'aimerais voir ta détresse au moment où on t'apprend
Que l'prêtre d'la paroisse pratiquait des services sur tes gosses.
J'aimerais qu'tu prennes conscience d'la gravité
d'tes actes avant qu'il n'soit trop tard trop tard