Je suis née comme une chienne une nuit où il pleuvaitJe suis née et ma mère est partie en chantantEt je ne sais rien d'elle que la haine que j'en aiJ'aurais dû venir au monde en mourantEh bien sûr, il y a mon père, on dit, on dit souventQue les filles gardent leur père au profond de leur cœurMais je n'ai pas su mon père, mon père était plusieursCar mon père était un régimentJe ne peux même pas dire s'ils étaient andalous ouprussiensSont-ils morts vers le nord, sont-ils morts vers le sudJe n'en sais rien !Une Dame, et comment veut-il que je sois une Dame ?J'ai grandi comme une chienne de carrefour en carrefourJ'ai grandi et trop tôt sur la paille des mulesDe soldat en soldat, de crapule en crapuleJ'ai connu les bienfaits de l'amourEt je vis comme une bête, je fais ça comme on se moucheEt je vis sans savoir ni pour qui ni pour quoiPour un sou je me lève, pour deux sous je me couchePour trois sous je fais n'importe quoi !Si vous ne me croyez guère, pour trois sous venez voir lerestantDe la plus folle des fiancés au plus crapuleux des brigands de laterreMais chassez donc vos nuages et regardez-moi telle que je suisUne Dame, une vraie Dame a une vertu, a une âmeDieu de Dieu, de tous les pires salauds que j'ai connusVous qui parlez d'étoile, vous qui montrez le ciel,Vous êtes bien le plus infâme, le plus cruelFrappez-moi, je préfère le fouet à vos chimères,Frappez-moi jusqu'au feu, jusqu'au sol, jusqu'à terreMais gardez votre tendresse, rendez-moi mon désespoirJe suis née sur le fumier et j'y repars,Mais je vous en supplie, ne me parlez plus de DulcinéaVous voyez bien que je ne suis rien, je ne suis qu'Aldonza laputain.