Je vis sous l'abri cinquante six,
De la ligne de bus huit cent quatre vingt dix,
Tout pres du parc de la gare de transit,
Voila bientôt deux ans que j'y habite.
Le jour, je regarde le balai des taxis,
Le soir venu, celui des travestis.
Autour de l'abri de bus cinquante six,
Il y a de la vie de jours comme de nuit.
J'ai trouvé en ce bas monde,
J'ai trouvé, j'ai trouvé mon oasis,
J'ai trouvé en ce bas monde,
L'ai trouvé sous l'abri cinquante six.
J'ai laissé femme et tourments,
Ou bien c'était peut-etre eux,
Il y a tellement longtemps,
Dans cet hiver rigoureux,
Abandonné comme un chien,
Qui n'amuse plus les enfants,
Délaissé par les miens,
Sur un autoroute blanc.
Maintenant le blanc je le bois,
Jusqu'a ce qu'il n'en reste pas.
Bouteille de verre pour bouteille de chair,
Maintenant le blanc est en moi.
Et n'en partira pas,
Bouteille de verre contre bouteille de ...
Tous les six mois ils viennent me chercher,
Les gentils gens de la brigade cent six.
Un camion banc m'emmenent a leur foyer,
lIs me passent au Karcher, me lavent mes tennis.
Ils me ramenent le lundi matin,
Un slip tout neuf et le ventre plein,
Barbe et cheveux coupés, pull et chaussures lavés,
Je réintegre régulierement mes quartiers.