La solitude m'ensevelit comme un grand charroi de terre
Comme un linceul trempé qui me glace et qui me terrifie
La solitude est une mer où je dérive et je m'enferre
Et le temps meurt ; et je ne trouve point la passe vers la vie
Où vont ces wagons de minerai blindés, gris et tous semblables ?
Dans cette gare perdue dans l'Oural où un très mauvais vent
Fait grincer la pancarte sans plus aucun nom depuis longtemps
Le train arrêté sur ces voies , ce sont mes jours toujours semblables
La défaite pourtant ne me faisait pas peur ni l'amertume
Et ni la peur. Je ne craignais que le mensonge. Et ni la peur !
J'aimais, baigneur plongeant dans l'eau, y faisant naître des rumeurs
En gerbe qui se consumaient au soir, comme un hymne d'écume
Mon plaisir ... Ma façon . J'allais ma vie. J'aurais parlé aux rois !
Cette blessure a touché l'os... Il est tard dans la joie du monde
Deux femmes sont venues que j'ai aimées : une brune ; une blonde
J'étais. La vie nous perd. Perdons. Ce sera pour une autre fois...
Comme une escadre cinglant, un matin lavé ; partout des flammes
Montant à chaque mât ; vibrant de citadelles sous la peau
Et saluant, superbe, pour des évanouissements de femmes
Je voudrais être une âme avec des voiles, des chants, des drapeaux !