La rivière du voyageur
Se promène dans la savane
Elle roule tous les malheurs
Des grands nègres de la Louisiane
Jour et nuit, on entend sa complainte
Jour et nuit, on entend sa chanson
C'est le vent qui répète sa plainte
En passant sur les champs de coton
Le tam-tam résonne au loin
Et les oiseaux roucoulent d'amour
Mais là-bas, roulant sans fin
C'est la rivière qui gronde toujours
De son bruit sourd
Jour et nuit, c'est toujours sa complainte
Jour et nuit, c'est toujours sa chanson
Obsédant, le vent porte sa plainte
Tristement, au fond de l'horizon
La rivière sort de son lit
Et bouscule les pauvres hommes
Elle emporte tout un pays
Elle emporte ce que nous sommes
Jour et nuit, pour calmer sa colère
Jour et nuit, les nègres vont prier
Dans le vent, on entend les prières
Implorant une part de pitié
Le grand Jim avait peiné
Et ses cheveux étaient en argent
Mais le flot l'a emporté
Alors tant pis pour ses cheveux blancs
Et ses enfants
Jour et nuit, on entend la rivière
Jour et nuit, et son grand tourbillon
Hou, hou, hou, on entend la rivière
Hou, hou, hou, le nègre dort au fond