En train d'agoniser un homme revit son passé
Dans les yeux clairs de son chien qui se meurt à ses côtés
En dix-huit- cent -quatre-vingt-un à l'âge de cinq ans
Il portait déjà dans son coeur le deuil de sa maman
Et son père le giflait sans raison tant et tant de fois
Que l'injustice en lui ne cessait de grandir déjà
Sans la moindre tendresse
Sans la moindre caresse
Il poussa comme une herbe qu'on arrache au coin des rues
Il traversa l'enfance
En se doutant d'avance
Que pour s'défendre il n'aurait pas assez de ses poings nus
Aucun instituteur ne le comprit, pas même un peu
N'essaya de savoir les causes de son air malheureux
On lui disait déjà : "Vous avez tort de trop parler
Vous avez tort de dire tout haut tout ce que vous pensez"
La première bagarre
Le voisin qui moucharde
L'usine sale et ce travail qui les abrutissait
Le temps de la colère
Lorsque des militaires
Tirèrent sur la foule qui défilait un premier mai
En train d'agoniser un homme revit son passé
Dans les yeux clairs de son chien qui est mort à ses côtés
Si tout ce qui précède ne suffit à l'excuser
On y trouve pourtant l' explication de ses méfaits
Depuis qu'elle tourne mal et que la liberté s'effrite
La société a les criminels qu'elle mérite
La société a les criminels qu'elle mérite