Sur un trois-mâts de la Marine
Fier de l'étrave à l'étambot
Sur un trois-mâts de la Marine
Mon bien-aimé est matelot
A bord du Saint-Michel-Archange
Porte l'habit de matelot
De nos cœurs nous fîmes l'échange
Le mien vogue avec lui sur l'eau
A suivi Monsieur de Joinville
A Cherbourg quand il est parti
A suivi Monsieur de Joinville
Jusqu'aux rives de Tahiti
Protégez-le bénigne Vierge
De tous les périls de la mer
A votre autel j'ai mis trois cierges
Aux branches du flambeau de fer
Protégez-le des maléfices
Des femmes qui vivent là-bas
Elles ont Satan pour complice
Et des baisers qu'on n'oublie pas
Il paraît qu'elles dansent nues
Je l'ai su par notre recteur
Et chantant des chants inconnus
Tressent des chapelets de fleurs
Mais plutôt qu'il soit infidèle
Bonne Vierge à mon cœur jaloux
Plutôt qu'il me soit infidèle
Je vous en prie à deux genoux
Plutôt qu'il partage la couche
De ces sirènes de malheur
Plutôt qu'il goûte sur leur bouche
Le sel amer de ma douleur
Dirigez de vos mains divines
La foudre qui vous obéit
Sur le trois-mâts de la Marine
Où navigue mon bel ami
Menez-le au sein des tempêtes
Brisez-le contre les rochers
Courbez sous le joug des tempêtes
L'orgueil de ses hauts mâts couchés
Perdez le Saint-Michel-Archange
Et Joinville et tous ses marins
Pour que les lèvres de mensonge
Servent de pâture aux requins