Y a des filles qu'on a dit heureuses
Et qu'occupent de belles positions
Moi j'suis tout simplement pierreuse
L'soir dans des fortifications
Afin d'boulotter l'existence
Quand vient la nuit j'travaille dans l'noir
Pendant qu'mon homme reste à distance
A m'surveiller sur le trottoir
Quand j'vois un passant qui s'promène
Afin d'lui causer sans témoin
Dans un des fossés je l'amène
Et puis j'appelle Alphonse de loin
Hiiiiii
Il ne se l'fait pas dire deux fois
Et s'précipite sur le bourgeois
Tire li pi ti ton et donc et donc
En plein sur le piton
Il lui colle un gnon
Et lui pique son pognon
Ça s'fait si vite !
Quand j'peux faire un p'tit brin d'toilette
Pour chercher des clients meilleurs
Je m'risque jusqu'à La Villette
Pas loin des boulevards extérieurs
Afin de n'pas être embêtée
Jusqu'à trois heures du matin
J'travaille dans une rue écartée
Pas loin du canal Saint-Martin
Aussitôt qu'la lune est à son cierge
J'accoste l'passant dans un coin
P'tit à p'tit j'l'attire sur la berge
Et puis j'appelle Alphonse de loin
Hiiiiii
Il ne se l'fait pas dire deux fois
Et s'précipite sur l'bourgeois
Tire li pi ti ton et donc et donc
On lui chipe son pognon
Un coup sur l'trognon
On l'balance dans l'bouillon
Ça s'fait très vite
Quoique je n'suis pas d'humeur coquette
Si j'porte le deuil, c'est qu'récemment
La Veuve place de la Roquette
M'a soufflé mon dernier amant
Oui, c'est l'autre jour à l'aurore
Qu'on m'a rogné mon gigolo
Il semble que je l'vois encore
Ah ! Cette fois c'est pas rigolo
J'l'aperçois là-bas sous la porte
Le curé lui parle sans témoin
Que s'passe-t-il ? Il faut qu'on l'porte
Un camarade l'appelle de loin
Hiiiiii
Il n'a pas l'temps de l'dire deux fois
On l'met sous la chose en bois
Tire li pi ti ton et donc et donc
En plein sur le cordon
La tête et le tronc
Tombent dans l'panier d'son
Ça s'fait vite !