Du Paraguay, en parcourant le monde
Un étranger vit un soir à Paris
Dans un joyeux souper Rita la blonde
Qui vint danser un tango du pays
Son cœur battit quand, souple comme l'onde,
Elle tourna, perverse, en le frôlant
Et fou d'amour, il dit passionnément
"Te quiero", elle l'enlaça, chantant
C'est sous le ciel de l'Argentine
Où la femme est toujours divine
Au son des musiques câlines
On danse le tango
Et dans la pampa qui se teinte
De mille feux la rude étreinte
De notre amour n'est jamais feinte
En dansant le tango
Elle devint sa maîtresse chérie
Mais sans compter, pour ses moindres désirs
Semant son or, il lui donnait, folie,
Tous les attraits du luxe et du plaisir
Un jour, plus rien que le cœur de sa mie
En son amour il crut, le pauvre amant,
Comme il pleurait, elle dit en raillant
Si tu n'as plus d'argent, va-t'en !
Va sous ton ciel de l'Argentine
Où les femmes sont si divines
Au son des musiques câlines
Va danser ton tango
Si tu trouves sur cette Terre
Une femme à l'amour sincère
Tu me l'écriras, je l'espère
Bona sèra, mon danseur de tango !
En plein Montmartre, elle a repris sa vie
Lorsqu'une nuit, elle le revoit gueux
Comme elle danse, il fait : Je t'en supplie
Un seul tango et c'est fini, nous deux
Prends garde à toi, Rita, souffle une amie
Vois donc ses yeux. Mais, d'un air de défi
Rita se livre et, tout bas, l'homme rit
Disant parmi les chants, les cris
C'est sous le ciel de l'Argentine
Qu'on peut se venger des félines
Au son des musiques câlines
Dansons donc le tango
Tremble enfin !... dans mes doigts de mâle
Je tiens ton cou, j'entends ton râle
Danse, danse, Rita la pâle,
C'est ton dernier tango.